L’Ukraine sous les tsars russes (3/4). Nicolas Iᵉʳ, le « gendarme de l’Europe »

19 novembre 2024
L’historiographie russe, trop souvent reprise telle quelle en France, exalte les tsars et tait la violence systématique sur laquelle s’est construit l’impérialisme russe. Dans cette série d’articles, un rappel des crimes commis à l’encontre des Ukrainiens par les plus « grands » tsars russes.
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Les deux premiers volets de cette série d’articles, Pierre Iᵉʳ, dit « le Grand », et Catherine II, le « despote éclairé », sont à retrouver ici et ici.


Nicolas Iᵉʳ de Russie (1796-1855)

Le vent de la révolution, de la libération nationale et des droits de l’homme souffle sur l’Europe. À l’autre extrémité du continent, Nicolas Iᵉʳ l’autocrate s’érige en rempart face au libéralisme et pourchasse les idées révolutionnaires, auxquelles il est farouchement hostile. L’insurrection décabriste en décembre 1825 le convainc qu’il faut régner d’une main de fer sur l’Empire russe. En refusant d’abolir le servage, il le paralyse politiquement et socialement.

L’interventionnisme militaire russe contre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes lui vaudra le surnom de « gendarme de l’Europe », lui qui aspire à écraser les insurrections européennes. Son règne (du 1ᵉʳ décembre 1825 jusqu’à sa mort en 1855) est marqué en outre par un expansionnisme fort, au détriment de l’Empire ottoman et des peuples du Caucase. En Ukraine, il sera synonyme de répressions :

• sociales : En 1835, les troupes tsaristes écrasent un soulèvement paysan contre le servage mené par Oustym Karmaliouk dans les régions ukrainiennes de Podolie, de Bessarabie, de Volhynie et de Kyiv.

• religieuses : En 1839, dans l’Ukraine de la rive droite occupée par Moscou, l’Église gréco-catholique ukrainienne est liquidée et rattachée de force à l’Église orthodoxe russe.

• et politiques : En décembre 1845, un cercle politique clandestin est fondé à Kyiv : la Fraternité Saints-Cyrille-et-Méthode, nommée d’après les saints de l’Église chrétienne orthodoxe Cyrille et Méthode qui évangélisèrent les peuples slaves. La Fraternité défend la lutte contre le servage et la libération nationale du peuple ukrainien. En mars 1847, les autorités tsaristes démantèlent l’organisation. De nombreux membres sont exilés ou emprisonnés.

En 1855, en pleine guerre de Crimée, Nicolas Iᵉʳ meurt subitement. Ses successeurs, Alexandre II (1818-1881) et Alexandre III (1845-1894), derniers tsars russes à mourir sur le trône, vont resserrer l’étau russe autour de la langue et de la culture ukrainiennes. Nous vous en parlons dans le quatrième et dernier volet de cette série, à paraître prochainement.


Cette série d’articles est le fruit d’un partenariat avec l’Institut ukrainien, agence d’État ukrainienne chargée de promouvoir la langue et la culture ukrainiennes dans le monde par la diplomatie culturelle.


Daria Synhaïevska || Louise Henry
Analyste et journaliste à UkraineWorld || Rédactrice et traductrice à UkraineWorld Français