L’Église a longtemps été un pilier de l’éducation pour les Ukrainiens. Les premiers livres ukrainiens écrits et imprimés sont des textes religieux. L'Évangile de Peresopnytsia est la première traduction connue d'un texte canonique du slave de l'Église vers le vieil ukrainien. Le manuscrit contient les quatre évangiles du Nouveau Testament. Au moment de sa publication, la traduction des livres paroissiaux démontre la maturité et la richesse de la langue dans laquelle ils sont adaptés. La création de l’Évangile de Peresopnytsia est une étape clé dans l’évolution de la langue ukrainienne.
Le livre nomme l'archimandrite Hryhorii et le scribe Mykhailo Vasilievich, les deux saints hommes ayant créé le manuscrit au monastère de Peresopnytsia dans l’oblast de Volhynie.

Les illustrations vives du livre le rendent important non seulement pour la langue utilisée et son contenu adapté, mais aussi pour sa beauté visuelle. Selon le bibliophile et érudit ukrainien Yakym Zapasko, les pages de l'Évangile de Peresopnytsia mettent en valeur le caractère prononcé de l'art du livre ukrainien.
C’est sur ce livre que chaque président ukrainien prête serment lors de son investiture.
Ivan Kotliarevsky a rendu hommage à Virgile et a donné à l'Ukraine son propre Énéide, en adaptant le poème épique aux caractéristiques culturelles, au lexique et à la période historique de l'Ukraine au tournant du XIXe siècle. Il s’agit du premier poème écrit en langue littéraire ukrainienne moderne.
Ce poème est né au cours de l’une des nombreuses renaissances culturelles de l’Ukraine. Malgré le décret du tsar Pierre Ier de 1720 interdisant l'impression de livres en langue ukrainienne, la fin du XVIIIe siècle a vu un renouveau littéraire ukrainien majeur, dont Eneida de Kotliarevsky, le nom ukrainien d’Eneide, est un héritage majeur.
Ironie du sort : la première partie de ce poème, écrit en ukrainien, a été imprimée à Saint-Pétersbourg, cœur de l'intelligentsia russe en 1798. Ivan Kotliarevsky a été lui-même surpris que les censeurs impériaux l'autorisent.
Le poème a été publié à l’initiative personnelle de Maksym Parpura, personnalité publique et mécène ukrainienne. Le texte disposait d’un vocabulaire particulier, ukrainien-russe, pour le rendre compréhensible au public russophone.
L'érudit Olexiy Stavytskyi a qualifié le poème d'encyclopédie de la vie nationale ukrainienne.
Les Ukrainiens considèrent Taras Chevtchenko comme l'un des pères fondateurs de leur nation. Des rues portent son nom dans tout le pays et des statues sont érigées en son honneur dans toutes les villes ukrainiennes. Il est légendaire pour ses vers qui expriment la soif de liberté et de justice sociale des Ukrainiens. Son recueil de poèmes le plus célèbre s'intitule Kobzar.
La liberté était le leitmotiv de Chevtchenko car ce dernier était initialement né kripak ou serf. Il a eu la chance de recevoir une éducation et de bâtir une carrière d’artiste, ce qui était inédit pour des personnes de son milieu.

Des Ukrainiens tiennent un portrait de Taras Shevchenko à Kiev, en 1918, pendant l'occupation allemande de l'Ukraine.
La première édition de Kobzar, datée de 1840, contenait 8 poèmes, dont le romantique Tarasova Nich, la Nuit de Taras, dans lequel le poète revient pour la première fois en détail sur le passé historique de l’Ukraine. Il décrit une bataille victorieuse en 1630, lorsque des rebelles paysans cosaques dirigés par l'hetman Taras Tryasylo ont vaincu l'armée du noble polonais Stanisław Koniecpolski.
Tout au long de son œuvre, Chevtchenko s’est battu contre la domination étrangère en Ukraine, en particulier contre l’impérialisme russe et polonais. Il est traduit dans de nombreuses langues. On dénombre une centaine de monuments dédiés au poète en dehors de l’Ukraine.
Les dures réalités de la vie d'un village ukrainien sont mises en lumière dans ce roman révolutionnaire de la fin du XIXe siècle, qui est le premier à les décrire dans leur ensemble. Le texte marque un changement définitif vers la tradition du réalisme ukrainien, qui montrait la dureté de ce que les habitants des villages ukrainiens endurent face aux classes sociales alphabétisées, les plus riches du pays.

Le livre a été inspiré par les voyages de Panas Myrnyi à travers l'oblast de Poltava, et par ses conversations avec ses habitants. En décrivant le sort du tyran local Chipka, l'auteur raconte les défis auxquels la paysannerie ukrainienne a été confrontée, détaillant à la fois les composantes internes du monde des personnages et les attributs extérieurs de leur vie quotidienne, comme leurs activités, leur nourriture et leurs vêtements.
Ce drame social, écrit par Myrnyi et considérablement amélioré par son frère Ivan Bilyk, - qui ont tous deux utilisé un pseudonyme, leur vrai nom étant Rudchenko -, n'a pas été publié dans l'Empire russe, où se trouvait Poltava. La ville natale des frères interdisait l’utilisation de l'ukrainien dans les imprimés, les spectacles, la musique et la liturgie. Il ne fut publié que quatre ans après sa rédaction, à Genève.
La Chanson de la forêt de Lessia Oukraïnka est une œuvre intemporelle que des générations d'Ukrainiens chérissent depuis plus d'un siècle. Adapté en permanence sous diverses formes artistiques, ce poème romantique est enraciné dans la mythologie et le folklore ukrainiens. Il raconte l'histoire de Mavka, une nymphe des forêts du folklore ukrainien, qui devient pour la première fois un personnage central de la littérature ukrainienne.
Le critique littéraire Rostyslav Semkiv a suggéré que la popularité intemporelle de La Chanson de la forêt réside dans le fait qu'il s'agit de la seule pièce que Lessia Oukraïnka a écrite dans le genre fantastique, utilisant ses autres œuvres principalement pour mettre en évidence les problèmes sociaux et les défis personnels ukrainiens.
Ce poème a été adapté sous diverses formes : opéras, opéra rock, scénarios, ballets. La dernière adaptation cinématographique du poème, Mavka : Chanson de la forêt, est devenue le film d'animation le plus rentable de l'histoire du cinéma ukrainien. Le livre lui-même a été traduit dans une trentaine de langues.
Capture d'écran du film d'animation Mavka
Cet essai a fait scandale à sa sortie en raison de son contenu audacieux et de certaines de ses scènes crues. Après la chute de l’Union soviétique, le texte féministe de Zaboujko apparaît comme une fenêtre ouverte sur le monde que les Ukrainiens commençent à découvrir.
Explorations sur le terrain du sexe ukrainien est considéré comme un exemple marquant de la littérature postmoderne ukrainienne. Il représente l'exploration par une femme de sa sexualité et de son identité dans le cadre de sa nationalité ukrainienne.
Comme le note la spécialiste Ester Kadlecová, le livre est important car il symbolise la manière dont la littérature post-soviétique se nettoie de la présence idéologique et politique de son passé, et devient elle-même.
Serhiy Jadan a été l'un des premiers auteurs ukrainiens à mettre en lumière le rôle et la place de l’Homme pendant la guerre du Donbass à travers sa prose. Le récit se situe dans l'oblast de Donetsk en Ukraine. L'Internat est référencé sur de nombreuses listes de lectures incontournables pour comprendre l’Ukraine. Il a obtenu une place dans le classement du livre de l'année de la BBC en 2017 et a été largement acclamé par les critiques et les lecteurs.
Le roman raconte l'histoire d'un jeune professeur ukrainien qui traverse la ligne de front pour sauver son neveu d'un orphelinat dans une ville occupée. Le livre ne parle jamais de la guerre elle-même, mais des tourments qu'elle impose aux gens, que Serhiy Jadan dépeint de manière impressionniste. Bien que l'histoire soit fictive, l'auteur a été personnellement témoin de nombreux événements de guerre qui est décrit ici, ce qui confère à son récit une véracité d’autant plus remarquable.