Villes méconnues d’Ukraine (3/5). Bratslav, la ville de Rabbi Nahman

18 février 2025
À l’image de Ravenne, en Italie, ou de Senlis, en France, elles furent autrefois d’importants centres politiques et culturels. Largement méconnues en dehors des frontières de l’Ukraine, elles n’en ont pas moins joué un rôle majeur dans l’histoire ukrainienne et européenne. Coup de loupe sur ces villes tombées dans l’oubli.
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Les deux premiers épisodes de cette série, Tchyhyryne, capitale cosaque, et Batouryne, la dernière capitale cosaque, sont à lire ici et ici.


Aujourd’hui située dans la région de Vinnytsia, en Ukraine centrale, à quelque 200 kilomètres au sud-ouest de Kyiv, Bratslav est une ville au passé et à l’héritage culturel riches. Son importante forteresse, bâtie au XIVᵉ siècle et dont il ne reste plus rien aujourd’hui, fut le théâtre de fréquents conflits armés aux XVᵉ et XVIᵉ siècles, lors des raids esclavagistes des Tatars de Crimée et des Ottomans, qui détruisirent plusieurs fois la ville.

De 1566 à 1793, elle fut le chef-lieu de la voïvodie de Bratslav, au sein de la république des Deux Nations. Mais la domination polonaise sur ce territoire fut interrompue à deux reprises dans la seconde moitié du XVIIᵉ siècle. D’abord de 1648 à 1657 : pendant le soulèvement de Khmelnytsky, la région de Bratslav rejoignit l’Hetmanat cosaque. Puis de 1672 à 1699 : après la guerre entre la Pologne et l’empire ottoman aidé des troupes cosaques, la voïvodie passa sous protectorat ottoman et devint le pachalik de Podolie (gouverné par les hetmans de la rive droite). À l’issue du deuxième partage de la Pologne, en 1793, l’empire russe s’empara de la voïvodie de Bratslav et la dissolut.


Bien qu’elle n’ait plus rien d’un centre politique aujourd’hui, Bratslav reste un important centre culturel et spirituel pour les juifs hassidiques. En effet, c’est dans cette ville historiquement peuplée de juifs [dans le premier quart du XXᵉ siècle, ils représentaient environ 25 % de la population] que vécut le rabbin Nahman de Bratslav (1772 – 1810), arrière-petit-fils du Baal Chem Tov, le « maître du bon nom », qui fonda en Podolie, au milieu du XVIIIᵉ siècle, le hassidisme, un courant mystique du judaïsme. Le rabbin Nahman, quant à lui, fonda la dynastie hassidique de Bratslav, avant de mourir de tuberculose à l’âge de 38 ans, à Ouman, devenue un lieu de pèlerinage pour la communauté hassidique.


Dans le quatrième épisode de cette série, nous vous parlons de Berdytchiv, la Jérusalem de Volhynie.


Daria Synhaïevska || Louise Henry
Analyste et journaliste à UkraineWorld || Rédactrice et traductrice à UkraineWorld Français